Paul (de Chomedey) de Chomedey sieur de Maisonneuve
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Paul (de Chomedey) de Chomedey sieur de Maisonneuve (1612 - 1676)

Paul de Chomedey sieur de Maisonneuve formerly de Chomedey aka de Maisonneuve
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Died at age 64 in Paris, Île-de-France, Francemap
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Paul (de Chomedey) de Chomedey sieur de Maisonneuve is Notable.

PAUL DE CHOMEDEY DE MAISONNEUVE

Paul (de Chomedey) de Chomedey sieur de Maisonneuve a des origines françaises.

Gentilhomme, officier, membre de la Société Notre-Dame de Montréal, fondateur de Ville-Marie, premier gouverneur de l’île de Montréal, né à Neuville-sur-Vanne, province de Champagne, et baptisé au même endroit le 15 février 1612, décédé à Paris en 1676.

Paul de Chomedey était le fils de Louis de Chomedey, seigneur de Chavane, de Germenoy-en-Brie et autres lieux, et de sa seconde femme, Marie de Thomelin, fille du noble homme Jean de Thomelin, conseiller du roi et trésorier de France en la généralité de Champagne, et d’Ambroise d’Aulquoy. II eut comme parrains Paul Janson, lieutenant au bailliage de Villemort, et Gabriel de Campan, et comme marraine, Jeanne de Chabert.

Les armes de l’aïeul de Paul de Chomedey, Hierosme, étaient : D’or à trois flammes de gueules. Elles furent transmises par filiation directe à Paul de Chomedey, fils aîné de Louis, lui-même fils de Hierosme.

Paul de Chomedey grandit au manoir de Neuville-sur-Vanne, situé non loin du fief Maisonneuve, que son père acquérait en 1614. Il avait deux sœurs et un frère. Louise, l’aînée de la famille, dont l’acte de baptême n’a pas été retracé, deviendra plus tard mère Louise de Sainte-Marie, de la Congrégation de Notre-Dame à Troyes. On ne connaît point la date de son décès ; nous savons toutefois qu’elle survécut à son frère Paul, comme en témoigne le legs qu’il lui fit dans son testament du 8 septembre 1676. Odard, le frère cadet de Paul, naquit en 1614. Il mourut à l’âge de 33 ans. Jacqueline, la benjamine de la famille, était née en 1618. Elle épousait en 1638 François Bouvot (non Bonnot) de Chevilly (non Chuly), dont elle eut deux filles. L’une d’elles fera valoir ses droits, plus tard, comme unique héritière de son oncle Paul. Jacqueline de Chomedey de Chevilly, qui protégea si bien Marguerite Bourgeoys avant son départ pour le Canada en 1653, eut, peu de temps après, une triste fin. Elle mourut en 1655, assassinée par un ennemi juré de sa famille. Quatre ans auparavant, son mari avait subi le même sort de la même main.

La carrière militaire de Paul de Chomedey commença de bonne heure, comme c’était du reste la coutume à cette époque. Il y a cependant, sur l’engagement de l’aîné des Chomedey, comme sur les incidents de sa vie de jeune soldat conquérant ses galons, une pénurie regrettable de documents authentiques. Leymarie nous avoue que du 2 juin 1624 à l’année 1640, il n’a pu retrouver un seul document à son sujet. Il ne nous reste donc que le recours aux ouvrages où les affirmations ne sont plus de première main.

Dollier* de Casson, dans son Histoire du Montréal, rappelle brièvement la jeunesse de Paul de Chomedey : la Providence « lui avoit fait commencer le métier de la guerre dans la Hollande dès l’âge de 13 ans, afin de lui donner plus d’expérience, elle avoit eu le soin de conserver son cœur dans la pureté au milieu de ces pays hérétiques et des libertins qui s’y rencontrent ». Il ajoute que « pour n’être pas obligé d’aller dans la compagnie des méchants se divertir, il apprit à pincer le luth ».

M. Dollier est presque le seul historien à donner des détails sur l’état d’esprit, les goûts, l’originalité de M. de Maisonneuve. En outre, il présente un aperçu des circonstances qui décidèrent de ses projets d’avenir. Mais il faut faire cas, en tout ceci, d’une déclaration importante du narrateur sulpicien. Il avertit ses lecteurs dès les premières lignes de son Histoire « qu’ils ne peuvent pas espérer [...] que ce soit sans quelques légères erreurs pour les dates, les temps et que [...] je n’en obmette un très grand nombre [...] parceque la religion de ces personnes pieuses [...] n’a jamais pu souffrir que rien de remarquable parût chez les libraires touchant ce qui a été fait ici, si bien que je suis contraint aujourd’hui de laisser [...] au milieu des ténèbres ce qui mériteroit d’être exposé au plus beau jour, lorsque je n’en ai pas des témoignages authentiques ». Il dit encore, relativement à ses sources, qu’elles sont toutes orales, et qu’il se contentera de raconter l’essentiel de l’histoire de Montréal.

M. Dollier, en sa qualité de membre de la Compagnie de Saint-Sulpice, si intimement liée par son fondateur, Jean-Jacques Olier, à l’histoire des origines de Montréal, ne pouvait que s’intéresser profondément à la vocation du premier gouverneur de Ville-Marie. Il écrit : « Quand le temps fut venu auquel elle [la Providence] vouloit l’occuper à son ouvrage elle augmenta tellement en lui cette appréhension de la divine justice que pour éviter ce monde perverti qu’il connoissoit, il désira d’aller servir son Dieu dans sa profession en quelques pays fort étrangers. Un jour roulant ces pensées dans son esprit, elle lui mit en mains [...] une Relation de ce pays [la Nouvelle-France] dans laquelle il était parlé du P. Charles Lalemant, depuis quelque temps revenu du Canada. [...] il s’avisa d’aller voir le Père [...] auquel il ouvrit l’intention de son âme ; le père, jugeant que ce gentilhomme étoit le véritable fait des Messieurs du Montréal, il le proposa à M. de la Doversière ».

Jérôme Le Royer de La Dauversière, qui allait imprimer une direction nouvelle à la vie de Paul de Chomedey, était un humble percepteur d’impôts de la petite ville de La Flèche, dans la province d’Anjou. À la vérité, c’était un des grands serviteurs de Dieu de l’époque, une âme inspirée, un créateur d’œuvres d’envergure, soit hospitalières, missionnaires, civilisatrices ou de simple dévotion. Il n’était d’ailleurs qu’un représentant de la vague de mysticisme qui, originaire de l’Espagne du xvie siècle, a envahi la France du xviie, et dont l’une des grandes réalisations a été la fondation de la Compagnie du Saint-Sacrement, qui a joué un rôle si important en France, même après l’interdit de 1660.

Né le 18 mars 1597 à La Flèche (aujourd’hui dans le département de la Sarthe), il était le fils cadet de Jérôme Le Royer, premier seigneur de La Dauversière, et de Renée (ou Marie) Oudin. Sa famille était originaire de la Bretagne.

Jérôme fut l’un des premiers élèves du collège de La Flèche, fondé en 1604 par Henri IV et dirigé par les Jésuites. Il y connut le père Charles Lalemant, entré dans la Compagnie de Jésus en 1607 et son aîné de dix ans ; aussi, le père Paul Le Jeune, entré en 1613. Comme condisciples, il eut, en outre du philosophe René Descartes, plusieurs des grands missionnaires de la Nouvelle-France, tels François Ragueneau [V. Paul Ragueneau], Claude Quentin, Charles Du Marché et Jacques Buteux. À leurs côtés, il entendit, en 1614, le père Énemond Massé parler des missions d’Acadie, récemment abandonnées par suite de la conquête anglaise.

À la mort de son père, pendant l’été de 1618, Jérôme hérita du nom et du fief de La Dauversière, ainsi que de la charge de receveur de tailles à La Flèche. En 1620, il épousait Jeanne de Baugé, qui lui donna six enfants. D’une piété solide, d’un zèle merveilleux pour les œuvres, il devint bientôt, avec son frère aîné, Joseph, le promoteur et l’organisateur des créations charitables de sa petite ville. On dit que c’est une vision surnaturelle qui l’induisit à la fondation d’un institut d’hospitalières sous le vocable de saint Joseph. Cette vision aurait eu lieu en 1632 ou au commencement de 1633.

La deuxième révélation surnaturelle que M. de La Dauversière aurait eue peut être fixée en l’année 1635 ou 1636. Selon le texte qui se trouve dans les Véritables motifs de la Société Notre-Dame de Montréal, imprimés en 1643, le « dessein de Montréal a pris son origine par un homme de vertu qu’il plut à la divine bonté inspirer, il y a sept ou huit ans, de travailler pour les sauvages de la nouvelle France, dont il n’avait auparavant aucune particulière connaissance, et quelque répugnance qu’il y eut, comme chose pardessus ses forces, contraires à sa condition, et nuisibles à sa famille. Enfin plusieurs fois poussé et éclairé par des vues intérieures, qui lui representaient réellement les lieux, les choses et les personnes dont il se devait servir [...] fortifié intérieurement à l’entreprendre, comme service signalé que Dieu demandait de lui, il se rendit comme Samuel à l’appel de son maître. »

En 1639, sur le conseil du père François Chauveau, jésuite du collège de La Flèche, il se rendait à Paris accompagné de Pierre Chevrier, baron de Fancamp, gagné à la cause de Montréal depuis longtemps, afin de former une société susceptible de mener à bien une entreprise de cette envergure : la fondation d’une ville missionnaire dans le lointain Canada. Et voici que se produisit, à la fin de février, la rencontre avec l’abbé Jean-Jacques Olier, jeune prêtre de 31 ans qui, depuis 1636, désirait travailler à la conversion des infidèles. Il ne savait cependant encore en quel pays. Nous avons là-dessus son propre témoignage.

M. de La Dauversière et M. Olier se croisèrent dans la galerie peinte par Simon Vouet, à l’entrée de la somptueuse demeure du chancelier Pierre Séguier, à Paris. On parle à tort, ici, d’une entrevue au château de Meudon, la demeure déserte de Charles de Lorraine, duc de Guise, qui, depuis 1631, vivait en Italie. Deux heures durant, on devisa. On mit au point les grandes lignes du projet : l’acquisition de l’île de Montréal, propriété de Jean de Lauson, intendant dans le Dauphiné et futur gouverneur de la Nouvelle-France, ainsi que la fondation d’une société de Messieurs et Dames dont le recrutement rapide ne semblait certes pas impossible. Déjà, M. Olier répondait du consentement du baron Gaston de Renty, un des grands hommes d’œuvres du xviie siècle, supérieur de la célèbre Compagnie du Saint-Sacrement, dont MM. de La Dauversière et Olier étaient membres. M. Olier inviterait également à entrer dans la Société de Montréal deux autres de ses amis.

Bientôt, il fallut songer à trouver un jeune chef, possédant toutes les qualités requises pour conduire cette œuvre à la fois colonisatrice et missionnaire. Un jour le père Charles Lalemant, sans cesse consulté par M. de La Dauversière au sujet des besoins nombreux de son entreprise, lui dit, ayant écouté ses doléances nouvelles sur ce chef introuvable de la première recrue de Montréal : « Je sais un brave gentilhomme champenois nommé M. de Maison-neufve qui a telle et telle qualité, lequel seroit possible bien votre fait et commission ». M. de La Dauversière ne tarda pas à s’entretenir avec Paul de Chomedey, auquel il remit avec une confiance absolue la direction de sa fondation d’outre-mer. M. de Maisonneuve serait au Canada investi de pouvoirs correspondant aux mêmes droits et devoirs des dirigeants, en France, de la Société Notre-Dame de Montréal. Celle-ci recruterait, financerait et assisterait de toutes façons la petite colonie en formation. M. de Maisonneuve devenait donc un des principaux Associés de Montréal, à la grande joie de MM. Olier et de Fancamp. « Gentilhomme de vertu et de cœur », comme l’appellent les auteurs anonymes des Véritables motifs, il se rendit bientôt à La Rochelle, lieu de l’embarquement de la recrue.

Le 9 mai 1641, deux navires quittaient le port de La Rochelle, emportant vers la haute mer, à destination de la Nouvelle-France, la majeure partie des colons de Montréal. Dans un des vaisseaux, M. de Maisonneuve avait pris place avec 25 hommes et un prêtre séculier destiné aux Ursulines ; dans l’autre, se trouvaient Jeanne Mance, l’infirmière et l’économe de la recrue, le père Jacques de La Place, jésuite, et 12 hommes. Le reste de la recrue (10 hommes) avait quitté depuis quelques semaines le port de Dieppe. Trois autres femmes y étaient montées : deux des ouvriers avaient refusé de s’embarquer sans leurs épouses ; une jeune fille de l’endroit entrait « de violence » dans le navire, déterminée à s’en aller servir Dieu dans la personne des pauvres Amérindiens.

Le vaisseau qui amenait Jeanne Mance et le père de Place se rendit sans encombre à Québec, après une traversée d’environ trois mois. Dollier de Casson parle du 8 août, date d’arrivée très plausible. Celui qui portait M. de Maisonneuve, moins heureux, « éprouva de si furieuses tempêtes qu’il fut obligé de relacher par trois fois » en France. M. de Maisonneuve perdit, en ces conjonctures, trois ou quatre hommes et son chirurgien.

À quelle date M. de Maisonneuve arriva-t-il à Tadoussac ? Très tard, évidemment ; « si tard », dit la Relation de 1641, que la recrue serait dans l’impossibilité de s’installer à Montréal avant le printemps suivant. Dollier de Casson choisit le 20 août. Date improbable, car il n’y aurait eu que 12 jours d’écoulés depuis l’arrivée de Jeanne Mance. Or, celle-ci était remplie d’inquiétude, d’angoisse même, entendant dire partout que la venue de nouveaux navires de France devenait impossible à cette période de l’année. Le seul document que nous connaissions aujourd’hui signalant la présence de Maisonneuve au Canada, en 1641, est un acte de baptême du 20 septembre 1641, inséré dans le registre des baptêmes de Sillery, sans nom de lieu (mais en marge de l’acte, on lit Tadoussac). M. de Maisonneuve y apparaît comme parrain et Jeanne Mance comme marraine d’une petite Amérindienne baptisée par le père Paul Le Jeune, bien peu de temps avant son départ pour la France par les derniers vaisseaux. Peut-on en conclure que le baptême eut lieu à Tadoussac, et non à Sillery, et que la date du 20 septembre 1641 serait la date exacte de l’arrivée de M. de Maisonneuve en terre canadienne ? Nous comprenons, en ce qui concerne Jeanne Mance, qu’elle soit accourue à Tadoussac mettre le chef de la recrue au courant de l’opposition manifestée à Québec contre le projet d’installer une petite colonie dans l’île de Montréal. « Folle entreprise », s’écriait-on partout.

L’hostilité témoignée par les Québécois ne troubla point Paul de Chomedey. Dûment averti de l’état des choses, il fit face à ses contradicteurs. Homme sage, d’une rare prudence, il était aussi un soldat résolu. Dès la première entrevue avec le gouverneur Huault de Montmagny, il maintint sa décision de monter à Montréal le printemps suivant puisque la saison devenait trop tardive. Une nouvelle tentative fut faite peu après par le gouverneur et tous les notables de Québec. On offrit à M. de Maisonneuve l’île d’Orléans en échange de l’île de Montréal afin qu’il soit plus à portée de secours en cas d’attaque. Et c’est alors que Paul de Chomedey prononça les fières paroles que Dollier de Casson nous a conservées : « Monsieur, ce que vous me dites seroit bon si on m’avoit envoyé pour délibérer et choisir un poste ; mais ayant été déterminé par la Compagnie qui m’envoie que j’irois au Montréal, il est de mon honneur et vous trouverez bon que j’y monte pour y commencer une colonie, quand tous les arbres de cette Isle se devroient changer en autant d’Iroquois ». Devant cette inflexibilité si dignement manifestée, tous durent s’incliner. M. de Montmagny s’engagea, pour sa part, tout comme le supérieur des Jésuites, le père Barthélemy Vimont, à se rendre lui-même, en octobre, à l’île de Montréal avec plusieurs « personnes bien versées dans la connoissance du pays », afin d’y choisir l’endroit le plus propice à la création de ce nouveau poste. M. de Maisonneuve fut dans l’impossibilité de les accompagner, occupé à surveiller le déchargement des navires et à mettre ses hommes au travail. Voilà pourquoi son nom n’apparaît point dans le paragraphe des Relations relatant le petit voyage du 15 octobre 1641.

Outre les tâches que nous venons de mentionner, M. de Maisonneuve se préoccupait vivement de la question du logement de la recrue. La saison était avancée. Il ne voyait aucun gîte convenable pour les 56 (peut-être 58) personnes dont se composait la petite colonie de Montréal. Une visite à la seigneurie de Sainte-Foy, aux environs de Québec, où un riche septuagénaire, Pierre de Puiseaux de Montrénault, demandait instamment à recevoir M. de Maisonneuve, eut comme résultat de régler toutes les difficultés de l’heure. Dès que M. de Puiseaux eut fait la connaissance de M. de Maisonneuve et entendu parler de l’œuvre apostolique et civilisatrice de Montréal, il demanda à entrer dans la Société Notre-Dame, afin de suivre le fondateur du poste. Comme preuve de la sincérité de ses intentions, il offrit en pur don ses deux seigneuries de Sainte-Foy et de Saint-Michel (à Sillery). M. de Maisonneuve accepta les offres du bon vieillard et tous deux décidèrent alors du meilleur emploi à tirer de ces riches seigneuries. La maison de Sainte-Foy, entourée de beaux chênes, pourrait servir de chantier de construction et d’abri à la plus grande partie des hommes de Montréal ; la maison de Saint-Michel serait affectée à MM. de Maisonneuve et de Puiseaux, à Jeanne Mance, à Mme de Chauvigny de La Peltrie, qui en avait été jusqu’ici la locataire, et à quelques autres personnes. Quelques hommes de la recrue s’y installeraient également pour exécuter des travaux de menuiserie.

Un incident malheureux se produisit en janvier 1642, dressant l’un contre l’autre gouverneur général et gouverneur local. Une de ces questions épineuses sur l’étendue ou la restriction des pouvoirs de chacun éclatait pour la première fois au Canada, où elles allaient devenir très fréquentes. Le 24 janvier, veille de la fête patronale de M. de Maisonneuve, les hommes de Montréal avaient reçu des mains de Jeanne Mance, économe de la recrue, de la poudre à canon, afin qu’au petit jour, le 25, il y eût une salve d’artillerie pour saluer le nouvel anniversaire de M. de Maisonneuve. Le bruit des détonations s’entendit jusqu’à Québec. M. de Montmagny prit ombrage du fait qu’on ne lui avait pas demandé son consentement pour tirer ainsi du canon. Il y eut arrestation et internement de l’artilleur d’occasion, Jean Gorry, un Breton de Pont-Aven engagé à Québec par M. de Maisonneuve comme maître de barque. Un procès s’ensuivit. M. de Montmagny, finalement, dut relâcher Jean Gorry, car il y avait vraiment de sa part un abus de pouvoir. M. de Maisonneuve pouvait faire voir une lettre du roi Louis XIII qui autorisait la recrue de Montréal à posséder de l’artillerie et à tirer du canon. M. de Maisonneuve, durant ces jours pénibles, fit preuve de modération et d’endurance. Il laissa passer l’orage. Mais il prit sa revanche auprès de la victime de l’incident. Il alla même jusqu’à lui augmenter son salaire. M. de Montmagny s’efforça par la suite de réparer l’outrance de ses gestes.

« Le dix-septième de May de la presente année 1642. Monsieur le Gouverneur mit le sieur de Maison-neufve en possession de cette Isle, au nom de Messieurs de Mont-real, pour y commencer les premiers bastimens ; le R. P. Vimont fit chanter le Veni Creator ; dist la saincte Messe, exposa le Sainct-Sacrement, pour impetrer du Ciel un heureux commencement à cét ouvrage : l’on met incontinent apres les hommes en besongne : on fait un reduit de gros pieux, pour se tenir à couvert contre les ennemis. » Le père Vimont, supérieur des missions des Jésuites du Canada, auquel on doit attribuer la substance de ce texte, tiré de la Relation de 1642, fut témoin oculaire et participant aux cérémonies.

Un geste de M. de Maisonneuve reste à rappeler parmi les incidents de la fondation. Le gouverneur de Montréal, nous l’avons vu, avait mis les hommes au travail, une fois les cérémonies civiles et religieuses terminées. Il fallait abattre plusieurs arbres avant d’ériger le réduit de gros pieux. Sœur Morin* nous raconte que le gouverneur tint à abattre lui-même le premier arbre.

Le père Vimont, qui célébra, le dimanche 18 mai 1642, la première grand-messe chantée à Montréal, y prononça un discours dans lequel il prophétisait, en quelque sorte, la grandeur future de la ville qui venait à peine de naître.

Le premier baptême eut lieu dès le mois de juillet. « Le vingt-huictieme de Juillet une petite escoüade d’Algonquins passant en ce quartier là, s’y arresterent quelques jours : un Capitaine presenta son fils au Baptesme âgé d’environ quatre ans : le Père Joseph Poncet le fit Chrestien, & le sieur de Maison-neufve & Mademoiselle Mance le nommerent Joseph, au nom de Messieurs & de Mes-dames de Nostre Dame de Mont-real. Voilà le premier fruit que cette Isle a porté pour le Paradis, ce ne sera pas le dernier. Crescat in mille millia ».

Au mois d’août, l’arrivée des vaisseaux de France mit en émoi les Montréalistes. On se demandait quelles nouvelles on allait recevoir de France. Pierre Legardeur de Repentigny débarquait un matin sur les rives de Montréal. Il amenait avec lui les 12 colons de la seconde recrue, une grande quantité de denrées, des ornements sacrés, des munitions de guerre et force bonnes nouvelles. Il apprit à M. de Maisonneuve et à Mlle Mance que le Dessein du Montréal, écrit par M. de La Dauversière à la suggestion de Mlle Mance et distribué dans des milieux dévots et influents, avait singulièrement augmenté le nombre des Associés en France. « Environ trente-cinq personne de condition se sont unies [...] en l’Eglise de Notre Dame de Paris » et « consacrèrent l’Isle de Mont-real à la Saincte Famille [...] sous la protection particuliere de la Saincte Vierge ». Les Montréalistes donnèrent libre cours à leur joie à quelques jours de là. La fête de l’Assomption, le 15 août, fut célébrée avec éclat. À cette première grande fête de Notre-Dame de Montréal, « le tonnerre des canons fit retentir toute l’Isle ».

L’année 1642 s’acheva cependant de façon dramatique. La sécurité des colons fut gravement menacée. Le fleuve Saint-Laurent déborda et une inondation devint imminente. M. de Maisonneuve se distingua par sa maîtrise et surtout par sa foi vive. D’accord avec les aumôniers, les pères Poncet et Du Peron, il promit, si les eaux qui battaient déjà fortement les portes du fort se retiraient sans faire aucun dommage sérieux, de se rendre, portant une croix sur ses épaules, jusqu’au sommet du mont Royal, afin de l’y planter. Il écrivit sa promesse, la fit lire publiquement puis alla poser une croix, au pied de laquelle était fixé l’écrit, au bord de la rivière mugissante ; « les eaux apres s’estre arrestees peu de temps au seüil de la porte [du fort], sans croistre davantage, se retirerent peu à peu, met les habitans hors de danger, & le Capitaine [M. de Maisonneuve] dans l’execution de sa promesse. »

Les Iroquois, dans l’ignorance où ils étaient de l’établissement d’un poste à Montréal, n’apparurent point avant l’été de 1643. Mais, à partir de ce temps, ils ne cessèrent point de harceler les Montréalistes, se livrant à cette guerre d’embuscade dans laquelle ils étaient passés maîtres. En la seule journée du 9 juin 1643, ils firent six victimes dont une seule devait leur échapper, non sans avoir beaucoup souffert durant sa captivité.

Une vie difficile, remplie de combats épuisants, incessants, venait de commencer. Elle allait se poursuivre durant un quart de siècle. Les victimes tombèrent nombreuses, préparées au sacrifice suprême, chaque matin, par la réception de l’Eucharistie. Elles payaient la rançon de tous, en ce Montréal qu’on a comparé, en 1643, à l’Église primitive. Et toujours, M. de Maisonneuve se montrait le chef incomparable d’une poignée de héros, hommes et femmes. Il se révélait aussi un organisateur habile. Les Véritables motifs, écrits durant l’été de 1643, nous présentent un tableau du petit poste, peu de temps après sa fondation : « L’Edifice d’un fort de défense, d’un hopital pour les malades et d’un logement déjà capable pour soixante dix personnes qui y vivent [...] avec deux pères Jésuites qui leur sont comme pasteurs, y ont chapelle qui sert de paroisse, sous le titre de Notre Dame à laquelle avec l’île et la ville qu’on y désigne sous le nom de ville Marie elle est dédiée. Les habitants vivent la plupart en commun, comme a une manière d’auberge, les autres de leur revenu en particulier, mais vivant tous en J. C. en un cœur et une âme ».

En juillet, au lendemain de l’arrivée des premiers vaisseaux de France, M. de Montmagny montait à Ville-Marie. Il venait de recevoir de Louis XIII une lettre personnelle lui recommandant d’accorder sa protection de façon toute particulière à la petite colonie de Montréal. Il annonçait, en outre, que le roi faisait don aux Associés de Montréal d’un navire de 350 tonneaux, appelé la Notre-Dame, qui ferait chaque année la traversée de l’océan. Les Montréalistes pouvaient aussi s’attendre à recevoir des effets de toutes sortes et même, disait-on, des sommes d’argent destinées par une « bienfaitrice inconnue » à la construction de l’hôpital et à Mlle Mance. Cependant, il fallait patienter, car la troisième recrue de Montréal n’arriverait qu’en septembre. Elle serait conduite par un gentilhomme champenois, Louis d’Ailleboust de Coulonge et d’Argentenay, ingénieur militaire de talent, qui venait s’installer à Montréal avec sa femme, Barbe de Boullongne, accompagnée de sa sœur, Philippe ou Philippine-Gertrude de Boullongne. Tous trois, sur le conseil du père Charles Lalemant, étaient devenus membres de la Société Notre-Dame. Deux mois plus tard, Ville-Marie en liesse entourait les nouveaux colons. Chacun constatait aussi que les Associés, en France, multipliaient vraiment les dons en faveur de leur lointain petit poste.

Mais il y eut des départs aussi en ce même automne. M. de Puiseaux, paralysé, « le cerveau débilité par sa vieillesse », redemanda ses biens afin d’aller se faire soigner en France. M. de Maisonneuve, généreux et compréhensif à son ordinaire, consentit à cette rétrocession. Il promit en outre de recommander le bon vieillard aux Associés de Montréal. On vit de même s’éloigner Mme de La Peltrie et sa dame de compagnie, Charlotte Barré. Mme de La Peltrie était rappelée à Québec par les Jésuites et par ses oeuvres, qui ne pouvaient subsister sans son aide. Elle partit sans trop d’inquiétude, sachant Mlle Mance entourée des femmes distinguées qui venaient d’arriver, Mme d’Ailleboust et sa sœur.

Nos « Français, écrit Dollier de Casson, se lassèrent de se voir tous les jours insultés par les Iroquois ». La colère grondait en eux depuis le massacre de leurs compagnons de travail, l’année précédente. Ils priaient sans cesse M. de Maisonneuve de leur permettre de se mesurer avec ces assassins qui ne cessaient de les guetter, bien cachés dans la forêt. M. de Maisonneuve refusait, les sachant peu familiarisés avec la petite guerre et les trouvant en trop petit nombre pour faire face à 100 ou 200 Iroquois peut-être. On obéissait, mais « nos bouillans françois » finirent par croire que « M. de Maison-neufve, appréhendoit de s’exposer ». Le 30 mars 1644, les dogues, que l’on avait fait venir de France et qui possédaient déjà un flair extraordinaire pour dépister les Iroquois, sous la conduite d’une chienne nommée Pilote, « se mirent à crier et hurler de toutes leurs forces, faisant face du côté où ils ressentaient les ennemis ». Les colons accoururent auprès de M. de Maisonneuve : « M. les ennemis sont dans le bois d’un tel côté, ne les irons-nous jamais voir ? » À quoi le gouverneur répondit brusquement, contre son habitude : « Oui, vous les verrez qu’on se prépare tout à l’heure à marcher, mais qu’on soit aussi brave qu’on le promet, je vais à votre tête. » Une fois entrés dans le bois, les colons, au nombre de 30, aperçurent 200 Iroquois bien placés en diverses embuscades. La lutte s’annonçait inégale : sept contre un ! On fit de son mieux tant que durèrent les munitions. Mais la poudre manquant, il fallut battre en retraite. M. de Maisonneuve dirigea l’expédition avec succès. Il ne s’éloigna que lorsqu’il vit les blessés déjà à distance et sous bonne garde. Mais les colons, une fois sortis du bois, furent saisis de panique et s’enfuirent à toutes jambes vers le fort, laissant M. de Maisonneuve seul et bien loin en arrière. Il fut vite rejoint par un des chefs iroquois sur lequel il fit feu aussitôt. Le coup rata. Alors promptement, tandis que l’Iroquois lui sautait à la gorge, il décharga son second pistolet et l’étendit mort à ses pieds. Sidérés, les Iroquois hésitèrent un moment puis se précipitèrent vers leur chef ; l’un d’eux le chargea sur ses épaules et tous s’enfoncèrent à la hâte dans le bois. M. de Maisonneuve, en pénétrant dans le fort, vit les colons accourir, manifester leur joie de sa victoire, louer sa rare bravoure et jurer qu’à l’avenir ils se garderaient bien d’exposer ainsi sa vie.

À la nouvelle du décès de son père, M. de Maisonneuve partit pour la France, à l’automne de 1645. Il avait confié ses pouvoirs, en quittant Ville-Marie, à Louis d’Ailleboust. Le 9 janvier 1646, nous le voyons faire acte de foi et hommage pour le fief Maisonneuve, dont il était devenu propriétaire. Mais en débarquant à Québec, après un an de séjour en France, il trouve une lettre pressante de M. de La Dauversière le priant de retourner en Europe dans le plus court délai. Des événements le concernant personnellement, d’autres touchant les affaires de Montréal, nécessitaient sa présence en France. M. de Maisonneuve fut donc dans l’impossibilité de visiter les Montréalistes avant de reprendre la mer, car il lui fallait assister, en octobre, aux assemblées de la Communauté des Habitants, fondée en 1645. À cette date, en effet, de grands changements avaient eu lieu concernant la traite des fourrures. La Compagnie des Cent-Associés avait cédé « à la communauté des habitants du Canada [...] la jouissance du commerce des pelleteries, à l’exclusion de la traite de Miscou, du Cap-Breton et de l’Acadie, en se réservant, en outre, les droits féodaux et seigneuriaux perçus dans le pays. En retour, la communauté se chargeait de solder les frais de l’administration, du culte et de la défense de la colonie, de faire passer en Canada vingt colons par an et de payer à la compagnie de la Nouvelle-France un millier de castors annuellement. »

Aux assemblées du conseil de la Communauté des Habitants, les délibérations furent souvent orageuses. Le Journal des Jésuites rapporte que « tous ceux du conseil se firent puissamment augmenter leurs gages & recompenser de leur service ; ce qui apporta une telle confusion que cela fit honte, & M. de Maisonneuve n’ayant point voulu signer, rien ne fut signé de ces gratifications-là. » Le 31 octobre 1646, accompagné de Robert Giffard, M. de Maisonneuve faisait de nouveau voile pour la France.

Si le gouverneur de Montréal, à destination, dut s’occuper de ses intérêts personnels, il s’employa certes tout autant à bien conduire les affaires de Montréal. Il fut beaucoup question, avec M. de La Dauversière et, à l’occasion, avec les autres Associés, de la traite des fourrures et des derniers incidents survenus avant son départ du Canada. M. de La Dauversière approuva la conduite de M. de Maisonneuve.

La nomination du successeur de M. de Montmagny, qu’on désirait rappeler en France, fut discutée devant M. de Maisonneuve. Les Associés lui offrirent cette haute fonction. Il refusa et proposa à sa place Louis d’Ailleboust. Il se garda bien de raconter l’incident de son refus, lorsque, de retour à Montréal, à l’été de 1647, il avertit M. d’Ailleboust qu’il lui fallait se rendre en France, qu’il y serait nommé gouverneur de la Nouvelle-France et reviendrait l’année suivante pourvu de sa commission.

M. de Maisonneuve avait rapporté, en 1647, quelques ordres de la Société de Montréal relatifs à la distribution des terres de son gouvernement. Elle s’imposait maintenant. Le premier concessionnaire, Pierre Gadoys, signait son acte de concession le 4 janvier 1648. Au bas du document, écrit en entier de la main de M. de Maisonneuve, on lit : « Acceptation de ladite concession par devant le notaire Jean de Saint-Père ». « C’est à partir de 1654, déclare B. Sulte, que les concessions se donnent en nombre suffisant pour permettre d’espérer que l’île de Montréal serait enfin habitée d’une manière permanente ». « Tant que M. de Maisonneuve fut gouverneur, nul autre ne concéda que lui et le nombre de ses actes s’élève à 123. Cependant, il est évident qu’il nous en manque quelques uns qui seront retrouvés soit au long, soit en mention dans d’autres pièces. » N’est-il pas à propos de souligner à ce sujet le profond désintéressement des Associés de Montréal qui avaient promis, dès les débuts de Montréal, de ne prendre dans cet immense domaine de 250 000 arpents que la quantité de terre nécessaire à leur vie ? « L’Île de Montréal entière était donc réservée pour la colonisation réelle et de bonne foi », remarque Camille Bertrand. Et il ajoute que « M. de Maisonneuve ne posséda jamais un pied de terrain, bien qu’il fût gouverneur résident durant vingt-trois ans. — Jeanne Mance non plus n’a jamais été propriétaire de biens fonds. C’est en sa qualité de directrice de l’hôpital qu’elle reçut quelques terres pour le soutien des pauvres de l’Hôtel-Dieu ». Seul, mais bien légitimement, puisqu’il s’établissait en 1643 à Montréal, M. d’Ailleboust fit exception.

Comme nous venons de le voir, M. d’Ailleboust avait été nommé, le 2 mars 1648, gouverneur de la Nouvelle-France pour trois années. Il débarqua à Québec le 20 août 1648, emmenant son neveu, un brave officier de carrière, Charles-Joseph d’Ailleboust Des Muceaux. Le nouveau gouverneur s’installait peu après au château Saint-Louis avec sa femme. Sa belle-soeur entrait, vers la même date, chez les Ursulines.

De navrantes nouvelles de Paris parvinrent à Mlle Mance en 1649. D’abord, le père Rapine de Boisvert, récollet qui servait d’intermédiaire entre la « bienfaitrice inconnue » et Mlle Mance, était décédé depuis décembre 1648 ; puis, la Société de Montréal, que la mort du baron de Renty et le départ de quelques autres avaient bouleversée et affaiblie, ne manifestait plus aucune activité ; et surtout, la maladie mortelle dont souffrait M. de La Dauversière, le créateur du mouvement apostolique de Ville-Marie et son âme dirigeante, pouvait mettre fin à l’entreprise entière du Montréal. Ces « trois coups de massue », écrit Dollier de Casson, forcèrent Mlle Mance à s’embarquer immédiatement pour la France. Le péril était vraiment partout dans l’ancienne comme dans la nouvelle France. Peu après le départ de Mlle Mance, on apprit le martyre des pères Jean de Brébeuf et Gabriel Lalemant. Ce fut ensuite l’anéantissement presque total des Hurons, dont de petites bandes arrivaient chaque jour à Ville-Marie pour y trouver refuge. Chacun entrevoyait alors en quel péril mortel allait bientôt se trouver Ville-Marie car, une fois les Hurons vaincus, les Iroquois tourneraient leur furie sur les Montréalistes. Ils juraient déjà de tout détruire en ce petit poste presque sans défense ; « incessamment, raconte M. Dollier, nous les avions sur les bras, il n’y a pas de mois en cet été où notre livre des morts ne soit marqué en lettre rouge par la main des Iroquois ». Le retour de Mlle Mance, à l’automne de 1650, apporta un peu de réconfort aux assiégés. L’administratrice de l’hôpital avait réussi sa mission. La Société Notre-Dame de Montréal revivrait, grâce à l’appui total de M. Olier qui acceptait de la diriger dorénavant. La détresse des Montréalistes l’avait touché. M. de La Dauversière du reste était guéri et s’activait lui aussi autour de l’œuvre. Puis la « bienfaitrice inconnue » que Jeanne Mance avait visitée souvent restait toujours l’amie munificente des Hospitalières et de Jeanne Mance.

Mais, au printemps de 1651, les attaques des Iroquois devinrent si fréquentes et si violentes que Ville-Marie crut sa fin venue. M. de Maisonneuve obligea tous les Montréalistes à se réfugier au fort. Mlle Mance, avec ses malades, ses blessés et ses pauvres, y vint aussi, réintégrant ses pièces des jours de la fondation. Bientôt, s’écrie M. Dollier, on n’osa plus « aller à quatre pas de sa maison sans avoir son fusil, son épée et son pistolet : Enfin, comme nous diminuions tous les jours [...] nos ennemis s’encourageoient pour leur grand nombre ». M. de Maisonneuve voyait tomber un à un les colons qu’il aimait et se devait de protéger. Peu à peu, sa décision fut prise de faire cesser ce carnage. Mais voici que Jeanne Mance intervint soudain : elle mit à la disposition de Maisonneuve 22 000# données par la bienfaitrice inconnue pour lever une recrue de soldats-ouvriers.

À l’automne de 1651, les Montréalistes virent partir M. de Maisonneuve pour la France. Tout étant considéré, le gouverneur ne pouvait repousser l’offre de la sage administratrice de l’hôpital. En remettant entre les mains de d’Ailleboust Des Muceaux la conduite de Ville-Marie, il prononça ces brèves paroles : « Je tâcherai d’amener 200 hommes [...] pour défendre ce lieu ; que si je n’en ai pas du moins cent, je ne reviendrai point et il faudra tout abandonner, car aussi bien la place ne seroit pas soutenable. »

Le séjour en Europe de M. de Maisonneuve dura deux ans. Tandis qu’à Montréal le major Closse, ses soldats et tous les colons valides opposaient une résistance héroïque à leurs agresseurs, M. de Maisonneuve mettait tout en œuvre, en France, avec l’aide de M. de La Dauversière et l’appui financier des Associés de Montréal, afin de recruter de nombreux défenseurs pour son poste. Mais, tout d’abord, M. de Maisonneuve, avec une finesse diplomatique dont le récit de M. Dollier nous donne un aperçu, voulut plaider la cause de Montréal auprès de la bienfaitrice dont Mlle Mance lui avait révélé le nom. Sans faire soupçonner le moins du monde à Mme Claude de Bullion – c’était son nom – qu’il connaissait les relations existant entre elle et Jeanne Mance, il avait longuement parlé de la détresse de Ville-Marie. La riche grande dame en fut certes impressionnée, car, à peu de temps de là, M. de Maisonneuve reçut des mains du président Guillaume de Lamoignon, cousin des Bullion et peut-être un des Associés de Montréal, une somme de 20 000# qu’une « personne de qualité » offrait à M. de Maisonneuve pour activer le recrutement des colons-soldats de Ville-Marie.

Au printemps de 1653, le rôle d’embarquement put enfin se dresser. Sur les 154 hommes engagés, 120 firent honneur à leur signature et montèrent le 20 juin 1653, à Saint-Nazaire, sur le Saint-Nicolas. Le 22 septembre, après une pénible traversée pendant laquelle plusieurs des nouveaux colons furent victimes d’une contagion, le navire entrait en rade de Québec.

L’accueil fut enthousiaste dans la capitale. Un Te Deum fut chanté à l’église. On se rendit plusieurs semaines plus tard à Ville-Marie, car un bon nombre de colons durent séjourner à l’hôpital, étant à peine guéris des fièvres de la contagion. C’est avec grand soulagement que les Montréalistes reçurent ces soldats venus des diverses provinces de France, principalement du Maine et de l’Anjou. Ces 100 hommes allaient sauver non seulement le Montréal, mais la Nouvelle-France tout entière, car la chute de Ville-Marie aurait infailliblement entraîné la destruction successive des autres postes.

Avec la recrue de 1653 arrivait à Ville-Marie une jeune femme de mérite, la future institutrice des petits Montréalistes et des petites Amérindiennes, Marguerite Bourgeoys. On devait cette fille « de bon esprit », « dont la vertu est un trésor », à la sagacité de M. de Maisonneuve et de sa sœur, mère Louise de Sainte-Marie, du couvent de Troyes. Cette « bonne fille que j’amene, avait déclaré M. de Maisonneuve à Mlle Mance, [...] sera un puissant secours au Montreal, au reste cette fille est encore un fruit de notre Champagne qui semble vouloir donner à ce lieu plus que toutes les autres réunies ensembles ».

Tout changea, se stabilisa enfin à Ville-Marie. Grâce au puissant renfort qui s’y établissait, les colons peu à peu quittèrent le fort et revinrent habiter leurs maisonnettes. Les travaux des champs occupèrent de nombreux travailleurs. Le gouverneur de Montréal profita de la paix momentanée, que signaient en 1655 les Iroquois, pour retourner une quatrième fois en France. Il s’agissait d’obtenir de M. Olier qu’il voulût bien former avec le concours de ses ecclésiastiques le premier clergé paroissial de Montréal. Les Jésuites ne pouvaient que difficilement exercer le ministère à Ville-Marie, car le nombre de leurs religieux suffisait à peine pour remplir les cadres de leurs missions.

M. Olier se rendit à la demande de M. de Maisonneuve. Il désigna aux fins d’un culte paroissial MM. de Queylus [V. Thubières], Souart, Galinier et d’Allet. Quelques heures avant le départ, le 17 mai 1657, à Nantes, les Sulpiciens apprirent la mort (2 avril 1657) de leur fondateur et supérieur, M. Olier.

Jeanne Mance, qui vieillissait et qu’un accident privait des services d’un bras, avait ramené de France, en 1659, les premières hospitalières de Saint-Joseph, les mères Moreau de Brésoles, Macé et Maillet. Elle accomplissait ainsi l’un des voeux les plus chers de M. de La Dauversière qui, du reste, l’y aida de tout son pouvoir.

Un an plus tard, à l’arrivée des vaisseaux, les Montréalistes recevaient la nouvelle du décès de Jérôme Le Royer de La Dauversière, fondateur de Montréal et de la Société Notre-Dame, qui s’était éteint le 6 novembre 1659. La disparition du procureur des Associés de Montréal, qui mourait ruiné, insolvable même, à la suite d’un revers de fortune récent, amena quelques changements. La Société Notre-Dame, dont le nombre des Associés avait peu à peu diminué, se vit dans l’obligation d’abandonner la seigneurie de Montréal. Le 9 mars 1663, les sociétaires survivants signèrent, en présence de Mlle Mance, alors à Paris, et qui leur apportait le consentement de M. de Maisonneuve, un acte de donation au séminaire de Saint-Sulpice.

À Ville-Marie, les Iroquois ayant repris leurs sanglantes embuscades, M. de Maisonneuve créa, le 27 janvier 1663, afin de faire face au danger, la milice de la Sainte-Famille. Elle se composait de 139 colons partagés en 20 escouades. Chaque escouade avait pour chef un caporal élu à la pluralité des voix.

Enfin, toujours en cette même année, la Compagnie des Cent-Associés cessa d’exister. Le 24 février, la dernière assemblée, qui ne comptait que quelques associés, remit la Nouvelle-France à la couronne. Les lettres patentes de réunion au Domaine royal furent publiées le mois suivant. Louis XIV allait diriger, désormais, les destinées du Canada. L’année suivante la Communauté des Habitants (1645–1664), totalement ruinée, disparaissait à son tour.

Le marquis de Tracy [V. Prouville], nommé lieutenant général de la Nouvelle-France, débarquait à Québec le 30 juin 1665 avec quatre compagnies de soldats, venant comme lui des Antilles. Déjà, les 13 et 19 juin précédents, quatre autres compagnies arrivaient de France et préludaient à l’envoi du célèbre régiment de Carignan-Salières, formé de 20 compagnies comprenant en tout un millier de combattants. Le roi avait résolu de mettre un terme aux incursions iroquoises.

Le salut du Canada était donc assuré tôt ou tard et les habitants, si durement éprouvés depuis des années par la guerre iroquoise, ne pouvaient que s’en réjouir. Mais à Ville-Marie, en septembre 1665, une pénible nouvelle abattait les courages et atteignait en plein cœur les Montréalistes. M. de Maisonneuve, leur bon gouverneur, ce juge intègre de tous leurs différends, venait de recevoir de Tracy l’ordre de retourner en France pour un congé indéfini. Fut-il étonné de recevoir un pareil ordre, lui qui comptait pourtant 24 années de services héroïques ? Il ne le fut certes pas autant que nous le croyons. Depuis quelques années, il n’avait point joui de la faveur des gouverneurs généraux. M. de Saffray de Mézy, surtout, s’était montré d’une intolérance et d’une morgue vraiment regrettables. Il faut lire les récits de sœur Morin, dont l’indignation est à peine voilée, pour s’en convaincre. Âme supérieure, M. de Maisonneuve supporta tout avec une dignité admirable.

Il partit à l’automne de 1665, emportant les regrets de son fidèle petit peuple. Il s’en alla vivre à Paris, retiré, humble, discret toujours. Le souvenir de l’œuvre accomplie à Ville-Marie garda son âme sereine et confiante jusqu’à la fin. Il s’éteignait 11 ans plus tard, ayant à son chevet son jeune ami, Philippe de Turmenys, et son dévoué serviteur Louis Fin (non Frin). Ses funérailles eurent lieu à l’église des pères de la Doctrine chrétienne, non loin de l’abbaye Saint-Étienne-du-Mont, dans laquelle il fut également inhumé.

Sans la constante activité de Jérôme de La Dauversière en France et de Paul de Chomedey de Maisonneuve au Canada, la Société Notre-Dame de Montréal aurait succombé sous le poids de difficultés et d’épreuves sans nombre. Il fallait ces chefs tenaces, ces âmes dont on devinait la sainteté, pour maintenir pendant un quart de siècle le petit poste de Montréal, isolé du reste de la colonie.

Un monument fut élevé en 1895, à la place d’Armes, à Montréal, en mémoire de M. de Maisonneuve. Il est l’œuvre du sculpteur canadien Louis-Philippe Hébert*. Un modèle fictif a servi pour représenter Paul de Chomedey de Maisonneuve, car il n’existe aucun portrait authentique du premier gouverneur de Montréal.

Marie-Claire Daveluy[1][2]

Biography

PAUL DE CHOMEDEY DE MAISONNEUVE

Gentleman, officer, member of the Société Notre-Dame de Montréal, founder of Ville-Marie, first governor of the island of Montreal; b. Neuville-sur-Vanne in the province of Champagne and baptized there 15 Feb. 1612; d. 1676 in Paris.

Paul de Chomedey was the son of Louis de Chomedey, seigneur of Chavane, Germenoy-en-Brie, and other places, and of his second wife Marie de Thomelin; the latter was the daughter of the worthy Jean de Thomelin, a king’s counsellor and a treasurer of France in the generality of Champagne, and of Ambroise d’Aulquoy. He had as godfathers Paul Janson, a lieutenant in the bailiff’s court at Villemort, and Gabriel de Campan; his godmother was Jeanne de Chabert.

The arms of Paul de Chomedey’s grandfather, Hierosme, were “or, three flames gules.” They were handed down by direct line to Paul de Chomedey, the eldest son of Louis, himself the son of Hierosme.

Paul de Chomedey grew up in the manor-house at Neuville-sur-Vanne, not far from the Maisonneuve fief, which his father acquired in 1614. He had two sisters and one brother. Louise, the eldest of the family, whose certificate of baptism has not been located, was later to become Mother Louise de Sainte-Marie, of the Congrégation Notre-Dame at Troyes. The date of her death is not known; we do know however that she survived her brother Paul, as is attested by the legacy which he made to her in his will dated 8 Sept. 1676. Odard, Paul’s younger brother, was born in 1614. He died at the age of 33. Jacqueline, the youngest of the family, was born in 1618. In 1638 she married François Bouvot (not Bonnot) de Chevilly (not Chuly), by whom she had two daughters. One of them was later to assert her rights as the sole heiress of her uncle Paul. Jacqueline de Chomedey de Chevilly, who gave such effective protection to Marguerite Bourgeoys before the latter’s departure for Canada in 1653, met a sad end a short time afterwards. She died in 1655, assassinated by a sworn enemy of the family. Four years earlier her husband had suffered the same fate, by the same hand.

Paul de Chomedey’s military career began early, as was customary in that period. Concerning the enlistment of the eldest of the Chomedeys, and also the incidents in his life as a young soldier winning his laurels, there is however a regrettable dearth of authentic documents. Leymarie admits that from 2 June 1624 to the year 1640 he was not able to find any document relating to him. Our only resort must therefore be to works in which the assertions are not at first-hand.

Dollier* de Casson, in his Histoire du Montréal, briefly recalled Paul de Chomedey’s youth: Providence, which “had caused him to take up the profession of war in Holland at the age of 13, in order to give him more experience, had taken care to preserve his heart in purity in the midst of these heretical countries and among the freethinkers to be found there.” He added that “in order not to be obliged to go and seek distraction in the company of evil men, he learned to pluck the lute.”

M. Dollier is almost the only historian to give details on M. de Maisonneuve’s disposition, tastes, and unique character. In addition he offers us an insight into the circumstances that determined Maisonneuve’s future plans. But we must give due weight, in all this, to an important statement by the Sulpician narrator. He warned his readers in the first lines of his Histoire “that they must not expect . . . that it will not contain a few slight errors in dates and times, or that . . . I shall not omit a very great number of such . . . , because the religion of these pious people . . . has never been able to tolerate anything unusual being published by booksellers concerning what has been done here, so much so that I am constrained today, when I have no authentic evidence of the same, to leave . . . shrouded in darkness what might deservedly be exposed to the brightest daylight.” He also said, speaking of his sources, that they were all oral, and that he would restrict himself to recounting the gist of the history of Montreal.

M. Dollier, as a member of the Compagnie de Saint-Sulpice, which was so intimately linked through its founder Jean-Jacques Olier to the history of the early days of Montreal, could not help being deeply interested in the vocation of the first governor of Ville-Marie. He wrote: “The time having arrived when Providence wanted to employ him upon its work, it so increased in him the fear of divine retribution that to avoid this perverted world which he knew, he desired to go and serve his God, through his profession, in a number of very remote countries. One day, turning over these thoughts in his mind, he providentially came upon . . . a Relation from this country [New France] in which mention was made of Father Charles Lalemant, who had returned from Canada some time before . . . ; he resolved to go and see the Father . . . to whom he revealed his inmost intention; the Father, judging that this gentleman was exactly the person that the Sulpicians of Montreal needed, recommended him to M. de la Doversière.”

Jérôme Le Royer de La Dauversière, who was to impart a new direction to Paul de Chomedey’s life, was a humble tax-collector in the little town of La Flèche, in the province of Anjou. In reality, he was one of the great servants of God in that period, an inspired soul, an architect of vast projects of a charitable, missionary, civilizing, or devotional nature. He was moreover merely one representative of the wave of mysticism that originated in Spain in the 16th century and invaded France in the 17th, numbering among its great accomplishments the founding of the Compagnie du Saint-Sacrement, which played such an important role in France even after the interdiction of 1660.

Born 18 March 1597 at La Flèche (now in the department of the Sarthe), he was the younger son of Jérôme Le Royer, first seigneur of La Dauversière, and of Renée (or Marie) Oudin. His family originated in Brittany.

Jérôme was one of the first pupils of the Collège at La Flèche, founded in 1604 by Henri IV and operated by the Jesuits. There he met Father Charles Lalemant, who had entered the Society of Jesus in 1607 and was ten years his senior, and also Father Paul Le Jeune, who had entered in 1613. In addition to the philosopher René Descartes, he had as fellow-students several of the great missionaries of New France, such as François Ragueneau [see Paul Ragueneau], Claude Quentin, Charles Du Marché, and Jacques Buteux. With them, he heard Father Énemond Massé, in 1614, speak of the Acadian missions, recently abandoned as a result of the English conquest.

On his father’s death, during the summer of 1618, Jérôme inherited the name and fief of La Dauversière, as well as the office of receiver of the taille at La Flèche. In 1620 he married Jeanne de Baugé, by whom he had six children. Possessed of firm piety and a wonderful zeal for good works, he soon became, with his elder brother Joseph, the promoter and organizer of the charitable undertakings in his small town. It is said that it was a supernatural vision that led him to found an institute of Hospitallers dedicated to St. Joseph. This vision would have occurred in 1632 or the beginning of 1633.

The second supernatural revelation that M. de La Dauversière is stated to have had can be set in the year 1635 or 1636. According to the text found in the Véritables motifs of the Société Notre-Dame de Montréal, printed in 1643, the “establishment of Montreal was conceived by a man of virtue whom it pleased divine goodness to inspire, seven or eight years previously with the desire of working for the Indians of New France, of whom he had no special knowledge before, and despite any repugnance that he might have felt for the task, as being beyond his strength, contrary to his status, and harmful to his family. Finally, several times urged on and enlightened by inner visions, which showed him in their reality the places, things and persons that he was to utilize . . . encouraged inwardly to undertake it as a conspicuous service that God was asking of him, he responded like Samuel to his master’s summons.”

In 1639, on the advice of Father François Chauveau, a Jesuit at the Collège of La Flèche, he went to Paris with Pierre Chevrier, Baron de Fancamp, who had long been won over to the Montreal cause, in order to form a society capable of carrying through an undertaking of such magnitude: the founding of a missionary city in distant Canada. And then, at the end of February, occurred the meeting with Abbé Jean-Jacques Olier, a young priest of 31 who since 1636 had wanted to work for the conversion of unbelievers. He did not yet know, however, in what country. On this point we have his own testimony.

M. de La Dauversière and M. Olier met in the gallery painted by Simon Vouet, at the entrance to Chancellor Pierre Séguier’s sumptuous dwelling in Paris. In this connection mention is made, erroneously, of an interview at the Château de Meudon, the abandoned residence of Charles de Lorraine, Duc de Guise, who had been living in Italy since 1631. For two hours they talked. Agreement was reached on the main features of the plan: the acquisition of the island of Montreal, the property of Jean de Lauson, an intendant in Dauphiné and the future governor of New France, and also the founding of a society of gentlemen and ladies whose rapid recruitment certainly did not seem impossible. M. Olier was already prepared to answer for the consent of the Baron Gaston de Renty, one of the great philanthropists of the 17th century, and the superior of the famous Compagnie du Saint-Sacrement of which MM. de La Dauversière and Olier were members. M. Olier would likewise invite two more of his friends to enter the Société de Montréal.

Thought had soon to be given to finding a young leader, endowed with all the qualities necessary for directing this undertaking, which partook of both colonization and evangelization. One day Father Charles Lalemant, whom M. de La Dauversière consulted continually about the numerous requirements of his venture, said to him, after hearing once more his lamentations on the subject of this yet-to-be-discovered leader for the first Montreal contingent: “I know a worthy gentleman of Champagne named M. de Maison-neufve, who has such and such qualities; he might well meet your needs.” M. de La Dauversière lost no time in having a conversation with Paul de Chomedey, to whom he entrusted with absolute confidence the direction of his overseas foundation. M. de Maisonneuve would be granted powers in Canada corresponding to the similar rights and duties, in France, of the directors of the Société Notre-Dame de Montréal. The latter would recruit, finance, and assist in every way the little colony being formed. M. de Maisonneuve thus became one of the principal “Associates” of Montreal, to the great joy of MM. Olier and de Fancamp. A “gentleman of virtue and courage,” as the anonymous authors of the Véritables motifs called him, he soon went to La Rochelle, the place of embarkation for the contingent.

On 9 May 1641 two ships left the port of La Rochelle, carrying out to sea, on their way to New France, the main portion of the Montreal settlers. In one of the vessels were M. de Maisonneuve with 25 men and a secular priest intended for the Ursulines; in the other were Jeanne Mance, the nurse and bursar of the contingent, the Jesuit Father Jacques de La Place, and 12 men. The rest of the contingent (ten men) had left the port of Dieppe some weeks before. Three other women were on board: two of the workmen had refused to embark without their wives; one young local girl had “violently” pushed her way into the ship, resolved to go and serve God in the person of the poor Indians.

The ship bearing Jeanne Mance and Father de La Place reached Quebec without mishap, after a crossing of about three months. Dollier de Casson speaks of 8 August, a very likely arrival date. The ship bringing M. de Maisonneuve was less fortunate; it “met with such furious storms that it was obliged to put into port three times” in France. In these circumstances M. de Maisonneuve lost three or four men and his surgeon.

At what date did M. de Maisonneuve arrive at Tadoussac? Obviously very late; “so late,” said the 1641 Relation, that the contingent would be quite unable to establish itself at Montreal before the following spring. Dollier de Casson favoured 20 August, an unlikely date, for only 12 days would have passed since Jeanne Mance’s arrival. Jeanne Mance was full of concern, even of anxiety, since she heard it said on all sides that the arrival of fresh ships from France was becoming impossible at that season of the year. The only document known to us today that refers to Maisonneuve’s presence in Canada in 1641 is a certificate of baptism dated 20 Sept. 1641, inserted in the register of baptisms at Sillery, without any indication of place (but in the margin of the document is the word Tadoussac). M. de Maisonneuve appears in it as the godfather and Jeanne Mance as the godmother of a little Indian girl baptized by Father Paul Le Jeune, very shortly before the latter’s departure for France by the last ship. Can one conclude from this that the baptism took place at Tadoussac and not at Sillery, and that the date 20 Sept. 1641 might be the exact date of M. de Maisonneuve’s arrival on Canadian soil? As far as Jeanne Mance is concerned, we can understand that she may have hastened to Tadoussac, to inform the leader of the contingent of the opposition manifested at Quebec against the plan to set up a small colony on the island of Montreal. “Foolhardy undertaking!” was the general outcry.

Paul de Chomedey was not upset by the hostility evidenced by the inhabitants of Quebec. Duly warned of the situation, he confronted his opponents. He was a wise man, possessed of unusual prudence, but also a resolute soldier. From the time of his first interview with Governor Huault de Montmagny he adhered to his decision to go up to Montreal the following spring, since the season was getting too advanced. A new move was attempted shortly afterwards by the governor and all the notables of Quebec. M. de Maisonneuve was offered the Île d’Orléans in exchange for the island of Montreal, in order that he might be more within reach of help in case of attack. And it was then that Paul de Chomedey uttered the proud words that Dollier de Casson has preserved for us: “Sir, what you are saying to me would be good if I had been sent to deliberate and choose a post; but having been instructed to go to Montreal by the Company that sends me, my honour is at stake, and you will agree that I must go up there to start a colony, even if all the trees on that island were to change into so many Iroquois. “ In the face of this inflexibility displayed with such dignity, all were obliged to yield. For his part M. de Montmagny, just as did Father Barthélemy Vimont, the superior of the Jesuits, undertook to go personally to the island of Montreal in October, with several “persons, well versed in knowledge of the country,” in order to choose the most favourable spot for the creation of this new post. It was impossible for M. de Maisonneuve to accompany them, for he was busy supervising the unloading of the ships and setting his men to work. Hence his name does not appear in the paragraph of the Relations recounting the little trip made on 15 Oct. 1641.

In addition to the tasks we have just mentioned, M. de Maisonneuve was acutely concerned with the question of housing for the contingent. It was late in the season. He could see no lodging suitable for the 56 (perhaps 58) persons who made up the little colony of Montreal. All the immediate difficulties, however, were settled following a visit to the seigneury of Sainte-Foy, in the neighbourhood of Quebec, where a rich septuagenarian, Pierre de Puiseaux de Montrénault, expressed an earnest desire to receive M. de Maisonneuve. As soon as M. de Puiseaux had made M. de Maisonneuve’s acquaintance, and heard about the apostolic and civilizing mission being undertaken at Montreal, he asked to enter the Société Notre-Dame, in order to follow the founder of the post. As proof of the sincerity of his intentions, he offered, as an outright gift, his two seigneuries of Sainte-Foy and Saint-Michel (at Sillery). M. de Maisonneuve accepted the kindly old man’s offer, and both then decided on the best use to be made of these rich seigneuries. The Sainte-Foy house, surrounded by fine oaks, could serve as a building-yard and as a shelter for the majority of the Montreal men; the Saint-Michel house would be assigned to MM. de Maisonneuve and de Puiseaux, to Jeanne Mance, to Mme de Chauvigny de La Peltrie, who had hitherto been its tenant, and to some other persons. A few men of the contingent would also be housed there to do joinery work.

An unfortunate incident occurred in January 1642, bringing the governor-general and the local governor into conflict with each other. One of those thorny questions as to the extent or limitations of the power of each side arose for the first time in Canada, where they were to become very frequent. On 24 January, the eve of the conversion of St. Paul, M. de Maisonneuve’s patron saint, the Montreal men had received some gunpowder from Jeanne Mance, the contingent’s bursar, so that a salvo of artillery could be fired at dawn on the twenty-fifth, to mark M. de Maisonneuve’s anniversary. The noise of the detonations was heard as far as Quebec. M. de Montmagny was offended because his consent to the firing of cannon in this way had not been sought. The gunner for the occasion was arrested and interned; he was Jean Gorry, a Breton from Pont-Aven, who was employed at Quebec by M. de Maisonneuve as a ship’s master. Legal action followed. M. de Montmagny had finally to set Jean Gorry free, having really exceeded his authority. M. de Maisonneuve was able to show a letter from Louis XIII which authorized the Montreal contingent to possess artillery and to fire cannon. During these difficult days M. de Maisonneuve displayed moderation and endurance. He let the storm pass. But he took his revenge by helping the victim of the incident. He even went so far as to increase his wages.

M. de Montmagny endeavoured subsequently to atone for the extravagance of his behaviour. “On the seventeenth of May of the present year, 1642, Monsieur the Governor placed the sieur de Maison-neufve in possession of the Island, in the name of the Gentlemen of Mont-real, in order to commence the first buildings thereon. Reverend Father Vimont had the Veni Creator chanted, said Holy Mass, and exposed the Blessed Sacrament, to obtain from Heaven a happy beginning for the undertaking. Immediately afterwards, the men were set to work, and a redout was made of strong palisades for protection against enemies.” Father Vimont, the superior of the Jesuit missions in Canada, to whom must be attributed the substance of this text, taken from the Relation of 1642, was an eye witness of, and took part in, these ceremonies.

Among the incidents pertaining to the founding of Montreal, one action of M. de Maisonneuve remains to be noted. The governor of Montreal, as we have seen, had set his men to work as soon as the civil and religious ceremonies were completed. Several trees had to be felled before erecting the stronghold of thick stakes. Sister Morin* tells us that the governor wished to fell the first tree himself.

Father Vimont, who celebrated the first high mass sung at Montreal, Sunday 18 May 1642, delivered an address in which he foretold, in a way, the future greatness of the town that had just been born.

The first baptism took place in the month of July. “On the twenty-eighth of July, a small party of Algonquins, who were passing that way, stopped there for several days. The Captain brought his son, aged about four years, to be Baptized. Father Joseph Poncet made him a Christian, and the sieur de Maison-neufve and Mademoiselle Mance named him Joseph on behalf of the Gentlemen and Ladies of Nostre Dame de Mont-real. This is the first fruit that this Island has borne for Paradise; it will not be the last. Crescat in mille millia.”

In the month of August the arrival of the French ships caused excitement among the Montrealers. They wondered what news they were going to receive from France. Pierre Legardeur de Repentigny landed one morning on the shores of Montreal. He brought with him the 12 settlers of the second contingent, a great quantity of provisions, sacred ornaments, munitions, and much good news. He informed M. de Maisonneuve and Mlle Mance that the Dessein de Montréal, written by M. de La Dauversière at Mlle Mance’s suggestion and distributed in devout and influential circles, had noticeably increased the number of Associates in France. “About thirty-five persons of condition have joined together . . . in the Church of Notre Dame at Paris,” and “consecrated the Island of Montreal to the Holy Family . . . , under the special protection of the Blessed Virgin.” The Montrealers gave free rein to their joy a few days later. The feast of the Assumption, 15 August, was celebrated with pomp. At this first great festival of Notre-Dame de Montréal, “The thunder of the cannons caused the whole Island to reëcho.”

The year 1642, however, came to a dramatic close. The safety of the settlers was seriously threatened. The St. Lawrence river overflowed, and a flood became imminent. M. de Maisonneuve distinguished himself by his self-possession and especially by his lively faith. After consultation with the chaplains, Fathers Poncet and Du Peron, he promised, if the waters that were already surging against the gates of the fort subsided without causing any serious damage, to walk with a cross on his shoulders to the top of Mount Royal, and there to set it up. He put his promise in writing, had it read publicly, then he went and placed a cross, at whose foot was the written statement, on the bank of the roaring river: “the waters, having stopped a little while at the threshold of the gate, without swelling further, subsided by degrees, put the inhabitants out of danger, and set the Captain [M. de Maisonneuve] to the fulfillment of his promise.”

The Iroquois, not knowing of the establishment of a post at Montreal, did not appear until the summer of 1643. But from then on they continually harried the Montrealers, using the tactics at which they were past masters: war by ambush. On the one day of 9 June 1643 they secured six victims, only one of whom was to escape, having cruelly suffered during his captivity.

A difficult life, full of unceasing, exhausting struggles, had now begun. It was to continue for a quarter of a century. The victims fell in great numbers, but prepared each morning for the supreme sacrifice by receiving the Eucharist. In the Montreal that, in 1643, was compared to the early church, they paid the ransom for all. And always M. de Maisonneuve stood out as the incomparable leader of a handful of heroes, both men and women. He also showed himself a skilful organiser. The Véritables motifs, written during the summer of 1643, offer us a picture of the little post, shortly after its founding: “The building consists of a fort for defence, a hospital for the sick, and a lodging already capable of housing 70 persons who live there . . . with two Jesuit Fathers who are like pastors to them; there is a chapel there that serves as a parish, under the title of Notre Dame to whom, with the island and the town which is designated by the name of Ville Marie, it is dedicated. The inhabitants live for the most part communally, as in a sort of inn; others live on their private means, but all live in Jesus Christ, with one heart and soul.”

In July, on the day after the arrival of the first ships from France, M. de Montmagny went up to Ville-Marie. He had just received a personal letter from Louis XIII, enjoining him to give his most special protection to the little settlement at Montreal. He announced furthermore that the king was presenting the Associates of Montreal with a ship of 350 tons, called the Notre-Dame, which would cross the ocean each year. The Montrealers could also expect to receive effects of all kinds, and even, it was said, sums of money intended by an “unknown benefactress” for the construction of the hospital and for Mlle Mance. Patience was necessary, however, for the third Montreal contingent would arrive only in September. It would be led by a gentleman from Champagne, Louis d’Ailleboust de Coulonge et d’Argentenay, a talented military engineer; he was coming to settle at Montreal with his wife, Barbe de Boullongne, who would be accompanied by her sister, Philippe or Philippine-Gertrude de Boullongne. All three, on Father Charles Lalemant’s advice, had become members of the Société Notre-Dame. Two months later, the rejoicing inhabitants of Ville-Marie thronged around the new settlers. Everyone perceived also that the Associates in France were truly lavishing gifts upon their remote little outpost.

But that same autumn there were some departures as well. M. de Puiseaux, paralysed, “his brain weakened by his old age,” asked for the return of his assets, in order to go to France for treatment. M. de Maisonneuve, generous and understanding as was his wont, agreed to this withdrawal. He also promised to recommend the worthy old man to the Associates of Montreal. Mme de La Peltrie and her companion, Charlotte Barré, likewise left. Mme de La Peltrie was recalled to Quebec by the Jesuits and by her charitable works, which could not survive without her help. She set off without too much anxiety, knowing that Mlle Mance would be sustained by the distinguished ladies, Mme d’Ailleboust and her sister, who had just arrived.

“Frenchmen,” wrote Dollier de Casson, “were tired of seeing themselves insulted every day by the Iroquois.” Anger had been building up in their hearts since the massacre of their fellow-workers the preceding year. They continually begged M. de Maisonneuve to allow them to match themselves against these assassins, who watched them unremittingly from the deep concealment of the forest. M. de Maisonneuve refused; he knew that they were unfamiliar with skirmishing, and considered them not sufficiently numerous to face 100 or perhaps 200 Iroquois. They obeyed, but “our fiery Frenchmen” eventually concluded that “M. de Maison-neufve was afraid to expose himself.” On 30 March 1644 the watch-dogs, which had been brought from France and which already possessed an extraordinary knack for tracking down the Iroquois, started, under the leadership of a bitch named Pilote, “to cry out and howl with all their might, looking towards the direction where they sensed the enemy.” The settlers ran to find M. de Maisonneuve: “Sir, the enemies are in the wood in such and such a direction, shall we never go and find them?” To which the governor replied sharply, contrary to his habit: “Yes, you shall see them. Get ready right away to march, but see that you are as brave as you make out to be; I shall be leading you.” Once in the wood the settlers, who numbered 30, perceived 200 Iroquois, well placed in various ambushes. The struggle promised to be uneven: seven against one! The French did the best they could so long as their bullets lasted. But when their powder ran out they had to beat a retreat. M. de Maisonneuve directed the expedition successfully. He withdrew only when he saw that the wounded were already at a distance and well guarded. But the settlers were no sooner out of the wood than they were stricken with panic, and bolted towards the fort, leaving M. de Maisonneuve alone and far in their rear. One of the Iroquois chiefs quickly overtook him; M. de Maisonneuve fired at him immediately. Then promptly, while the Iroquois was clawing at his throat, he discharged his second pistol and stretched the Indian dead at his feet. The enemy, thunderstruck, hesitated a moment, then rushed towards their chief; one of them loaded him on his shoulders, and they all plunged hastily into the wood. When M. de Maisonneuve entered the fort, the settlers flocked about him, showed their joy at his victory, praised his unusual bravery, and swore that in future they would take good care not to expose his life in such a way.

M. de Maisonneuve left for France in the autumn of 1645, having received news of his father’s death. On leaving Ville-Marie he had entrusted his powers to Louis d’Ailleboust. On 9 Jan. 1646 we find him taking an “oath of fealty” and doing homage for the Maisonneuve fief, of which he had become the owner. He returned to Quebec after a year’s stay in France, but on landing he found an urgent letter from M. de La Dauversière, requesting him to return to Europe with the least possible delay. Events concerning him personally, and others related to the affairs of Montreal, required his presence in France. M. de Maisonneuve was therefore unable to visit the Montrealers before sailing again, for in October he had to attend the meetings of the Communauté des Habitants, founded in 1645. At this time great changes had taken place with respect to the fur trade. The Compagnie des Cent-Associés had ceded “to the communauté des habitants in Canada . . . the right to trade in pelts, with the exception of the trade at Miscou, at Cap-Breton and in Acadia, while reserving to itself, in addition, the feudal and seigneurial dues collected in the country. In return the communauté undertook to meet the costs of the colony’s administration, religious worship and defence, to send 20 settlers to Canada each year, and to pay the compagnie de la Nouvelle-France 1,000 beavers annually.”

At the meetings of the council of the Communauté des Habitants the proceedings were often stormy. The Journal des Jésuites reported that “all those of the Council make strenuous efforts to augment their own pay and to requite their own services; which resulted in such confusion as was disgraceful. But, as Monsieur de Maisonneuve had not consented thereto, none of these gratuities were subscribed to.” On 31 Oct. 1646, together with Robert Giffard, M. de Maisonneuve again sailed for France.

Although the governor of Montreal when he reached his destination, had to concern himself with his personal interests, he certainly did not fail to attend equally to the proper conduct of the affairs of Montreal. There was much discussion, with M. de La Dauversière and on occasion with the other Associates, about the fur trade and the most recent incidents that had occurred before he left Canada. M. de La Dauversière endorsed M. de Maisonneuve’s leadership.

The appointment of a successor to M. de Montmagny, who was to be recalled to France, was discussed with M. de Maisonneuve. The Associates offered him this high office. He refused, and proposed instead Louis d’Ailleboust. He took care not to mention his refusal, when on his return to Montreal in the summer of 1647 he warned M. d’Ailleboust that the latter had to go to France, that he would be appointed governor of New France there, and that he would return the following year with his commission.

M. de Maisonneuve had brought back some orders from the Société de Montréal concerning the distribution of the lands under his administration. This measure was now necessary. The first grantee, Pierre Gadoys, signed his deed of grant 4 Jan. 1648. At the bottom of the document, which was written entirely in M. de Maisonneuve’s own hand, one reads: “Acceptance of the said grant made before the notary Jean de Saint-Père.” As Benjamin Sulte stated: “It was from 1654 that grants of land were given in sufficient number to encourage the hope that the island of Montreal would finally be settled permanently.” “So long as M. de Maisonneuve was the governor, none but he made land grants, and the number of deeds issued by him was 123. It is evident, however, that we lack some of them, which will be found either complete, or mentioned in other documents.” Is it not appropriate to stress in this regard the profound unselfishness of the Associates of Montreal, who had promised, from the first days of the town, to take, in this immense expanse of 250,000 acres, only the land necessary for their living? “The island of Montreal was therefore reserved entirely for real and genuine colonization,” remarked Camille Bertrand. And he added that “M. de Maisonneuve never possessed a foot of ground, although he was resident governor for 23 years. Neither did Jeanne Mance ever own any land. It was as directress of the hospital that she received some pieces of land for the support of the poor in the Hôtel-Dieu.” M. d’Ailleboust was the sole, although quite legitimate exception, since he was settling at Montreal in 1643.

As we have just seen, on 2 March 1648 M. d’Ailleboust had been appointed governor of New France for three years. He landed at Quebec 20 Aug. 1648, bringing with him his nephew, Charles-Joseph d’Ailleboust Des Muceaux, a brave career officer. The new governor moved soon after into the Château Saint-Louis with his wife. His sister-in-law, around the same date, joined the Ursulines.

Heart-rending news from Paris reached Mlle Mance in 1649. First, Father Rapine de Boisvert, a Recollet who had served as intermediary between the “unknown benefactress” and Mlle Mance, had died in December 1648; then the Société Notre-Dame de Montréal, which the death of the Baron de Renty and the withdrawal of a number of others had unsettled and weakened, was no longer showing any sign of life; and above all the mortal illness that afflicted M. de La Dauversière, the creator of the evangelizing undertaking at Ville-Marie and its guiding spirit, might put an end to the entire Montreal venture. These “three bludgeon strokes,” wrote Dollier de Casson, forced Mlle Mance to sail at once for France. In truth peril reigned everywhere, in old France as in the new. Shortly after Mlle Mance’s departure, news arrived of the martyrdom of Fathers Jean de Brébeuf and Gabriel Lalemant. Next came the almost total annihilation of the Hurons, of whom little bands arrived at Ville-Marie each day to take refuge there. Everyone could foresee then the mortal danger that would soon threaten Ville-Marie, for once the Hurons were conquered the Iroquois would turn their fury against the Montrealers. They were already swearing to destroy everything in that tiny, almost defenceless post; “ceaselessly,” recorded M. Dollier, “we had them pressing upon us, there is not a month in this summer when our book of the dead has not been stained in red letters by the hands of the Iroquois.” Mlle Mance’s return, in the autumn of 1650, brought a little solace to the beleaguered. The directress of the hospital had successfully completed her mission. The Société Notre-Dame de Montréal would be restored to life, thanks to the complete support of M. Olier, who had agreed to direct it thenceforth. The Montrealers’ distress had moved him. Moreover M. de La Dauversière, who had recovered, was also actively promoting the undertaking. And the “unknown benefactress” whom Jeanne had often visited remained the bounteous friend of the Hospitallers and of Jeanne Mance.

But in the spring of 1651 the Iroquois attacks became so frequent and so violent that Ville-Marie thought its end had come. M. de Maisonneuve made all the Montrealers take refuge in the fort. Mlle Mance, with her sick, her wounded, and her poor, came in also, reoccupying the rooms she had had when Ville-Marie was founded. Soon, exclaimed M. Dollier, no man ventured “to go four steps from his house without carrying his gun, his sword and his pistol. Finally, as we were getting fewer every day . . . , our enemies took heart from their greater number.” M. de Maisonneuve saw fall, one by one, his beloved settlers whom he considered it his duty to protect. Gradually, he made up his mind to put an end to this slaughter. But now Jeanne Mance suddenly intervened: she placed at Maisonneuve’s disposal 22,000 livres from the unknown benefactress, for the raising of a contingent of soldier-workmen.

In the autumn of 1651, the Montrealers saw M. de Maisonneuve leave for France. All things considered, the governor could not reject the offer made by the hospital’s wise directress. As he handed over to d’Ailleboust Des Muceaux the direction of Ville-Marie, he uttered these few words: “I shall try to bring back 200 men . . . to defend this site; if I do not have at least 100, I shall not return, and everything will have to be abandoned, for indeed the place would be untenable.”

M. de Maisonneuve’s stay in Europe lasted two years. While, at Montreal, Major Closse, his soldiers, and all able-bodied settlers were heroically resisting their attackers, M. de Maisonneuve was employing all possible means in France, with the assistance of M. de La Dauversière and the financial backing of the Associates of Montreal, to recruit numerous defenders for his post. But first of all, with a diplomatic subtlety that we are able to glimpse through M. Dollier’s account, M. de Maisonneuve decided to plead the cause of Montreal with the benefactress whose name Mlle Mance had disclosed to him. Without arousing the slightest suspicion in Mme Claude de Bullion – this was her name – that he knew the relations existing between her and Jeanne Mance, he had dwelt at length upon Ville-Marie’s distress. The wealthy noblewoman was certainly impressed by it, for a short time later M. de Maisonneuve received from the hands of President Guillaume de Lamoignon, a cousin of the Bullions, and perhaps one of the Associates of Montreal, a sum of 20,000 livres, offered by a “person of quality” to M. de Maisonneuve to stimulate the recruitment of the settler-soldiers for Ville-Marie.

In the spring of 1653, the muster-roll could finally be drawn up. Out of the 154 men under contract, 120 honoured their signatures and embarked on the Saint-Nicolas, 20 June 1653, at Saint-Nazaire. On 22 September, after a miserable crossing during which several of the new settlers were stricken by a contagious disease, the ship entered the roadstead of Quebec.

The welcome in the capital was enthusiastic. A Te Deum was sung in the church. Not until several weeks later did the contingent go to Ville-Marie, for a fair number of the settlers, having barely recovered from the fevers of the disease, had to spend a period in hospital. It was with great relief that the Montrealers received these soldiers, who had come from the various provinces of France, chiefly Maine and Anjou. These 100 men were going to save not only Montreal, but the whole of New France, for the fall of Ville-Marie would inevitably have brought about the successive destruction of the other posts.

With the 1653 contingent there arrived at Ville-Marie a fine young woman, the future teacher of the little Montrealers and the young Indian girls: Marguerite Bourgeoys. The coming of this girl who had “a good mind,” and “whose virtue is a treasure,” was due to the sagacity of M. de Maisonneuve and of his sister, Mother Louise de Sainte-Marie, of the convent at Troyes. “This worthy girl whom I am bringing,” M. de Maisonneuve had declared to Mlle Mance, “. . . will be a tremendous help at Montreal; moreover, this girl is yet another product of our province of Champagne, which seems to want to give to this place more than all the others put together.”

Everything changed at Ville-Marie, and finally became settled. Thanks to the powerful reinforcements, the settlers gradually left the fort and went back to live in their little houses. Work in the fields kept many labourers busy. The governor of Montreal took advantage of the temporary peace, signed by the Iroquois in 1655, to return a fourth time to France. He had to induce M. Olier to consent, with the assistance of his ecclesiastics, to furnish the first parochial clergy of Montreal. The Jesuits found it difficult to carry on the ministry at Ville-Marie, for the number of their religious was barely adequate to staff their missions.

M. Olier acceded to M. de Maisonneuve’s request. He designated for parochial worship MM. de Queylus [see Thubières], Souart, Galinier, and d’Allet. A few hours before their departure from Nantes, 17 May 1657, the Sulpicians learned of the death (2 April 1657) of their founder and superior M. Olier.

Jeanne Mance, who was getting old and whom an accident had deprived of the use of one arm, had brought back from France, in 1659, the first Hospitallers of St. Joseph, Mothers Moreau de Brésoles, Macé, and Maillet. She thus fulfilled one of the vows most dear to M. de La Dauversière, who, it should be added, helped her to the best of his ability.

A year later, on the arrival of the ships from France, the Montrealers received the news of the death of Jérôme Le Royer de La Dauversière, the founder of Montreal and of the Société Notre-Dame, who had passed away 6 Nov. 1659. The disappearance of the procurator of the Associates of Montreal, who died ruined, even bankrupt, following a reverse of fortune not long before, brought about some changes. The Société Notre-Dame, the number of whose associates had gradually been diminishing, saw itself obliged to abandon the Montreal seigneury. On 9 March 1663 the surviving members, in the presence of Mlle Mance who was then in Paris, and who brought them M. de Maisonneuve’s consent, signed a deed of gift to the Séminaire de Saint-Sulpice.

As the Iroquois had resumed their bloody ambushes at Ville-Marie, M. de Maisonneuve created, on 27 Jan. 1663, the militia of the Sainte-Famille in order to meet the danger. It was composed of 139 settlers divided into 20 squads. Each squad had as its leader a corporal elected by a majority.

Finally, still in this same year, the Compagnie des Cent-Associés ceased to exist. On 24 February, the last meeting, attended by only a handful of partners, handed over New France to the Crown. The letters patent joining it to the royal domain were published the following month. Thenceforth Louis XIV was to guide the destinies of Canada. The following year the Communauté des Habitants (1645–64), completely ruined, disappeared in its turn.

The Marquis de Tracy [see Prouville], newly appointed lieutenant-general of New France, landed at Quebec 30 June 1665 with four companies of soldiers, who came like himself from the West Indies. Already, the preceding 13 and 19 June, four other companies had arrived from France, a prelude to the dispatch of the famous Carignan-Salières regiment made up of 20 companies and comprising altogether some 1,000 fighting men. The king had decided to put an end to the Iroquois forays.

The salvation of Canada was thus assured sooner or later, and the settlers, so sorely tried for years by the Iroquois war, could not do other than rejoice over the fact. But at Ville-Marie, in September 1665, a grievous piece of news depressed the spirits of the Montrealers and went straight to their hearts. M. de Maisonneuve, their good governor, this honest judge of all their differences, had just received from Tracy the order to return to France on indefinite leave. Was he surprised to receive such an order, when he had to his credit 24 years of heroic service? Certainly not as much as one might think. For some years he had not enjoyed the favour of the governors-general. M. de Saffray de Mézy, in particular, had displayed a truly regrettable intolerance and arrogance. To be persuaded of this one should read the accounts of Sister Morin, who can barely conceal her indignation. M. de Maisonneuve, a superior soul, bore everything with admirable dignity.

He left in the autumn of 1665, taking with him the regrets of his faithful little colony. He went to live in Paris, in seclusion, humble, ever discreet. The memory of the work accomplished at Ville-Marie kept his spirit serene and trusting until the end. He passed away 11 years later; at his bedside were his young friend Philippe de Turmenys, and his devoted servant Louis Fin (not Frin). His funeral took place at the church of the Fathers of the Christian Doctrine, situated not far from the abbey of Saint-Étienne-du-Mont, and there also he was buried.

Had it not been for the constant activity of Jérôme de La Dauversière in France and of Paul de Chomedey de Maisonneuve in Canada, the Société Notre-Dame de Montréal would have succumbed under the weight of countless trials and difficulties. Such tenacious leaders, such souls whose saintliness was readily discernible, were necessary to keep alive for a quarter of a century the little post of Montreal, isolated from the rest of the colony.

A monument was erected in 1895 on the Place d’Armes in Montreal, to the memory of M. de Maisonneuve. It is the work of the Canadian sculptor Louis-Philippe Hébert*. An imaginary model was used to represent Paul de Chomedey de Maisonneuve, for no authentic portrait of the first governor of Montreal exists.

Marie-Claire Daveluy[3]

Notes

Un autre point de vue sur lui: Érudit: Campeau, L. (1976). Paul de Chomedey, sieur de Maisonneuve. Les Cahiers des dix, (41), 157–174

Fichier origine

CHOMEDEY (de) / DE MAISONNEUVE, Paul 240910
Statut: Célibataire
Date de baptême: 15-02-1612[4]
Lieu d'origine: Neuville-sur-Vannes (St-Martin) (Aube) 10263
Parents: Louis DE CHOMEDEY et Marie Thomelin
Métier du père: Seigneur de Chavannes et Germenoy-en-Brie
Date de mariage des parents: 00-09-1607
Lieu de mariage des parents: Paris (75056)
Date du contrat de mariage: 12-09-1607
Notaire: Notaires (Châtelet de Paris)
Première mention au pays: 1641
Occupation à l'arrivée: Écuyer, officier français, gouverneur de Montréal
Décès ou inhumation: Paris, 09-09-1676
Remarques: Le 24-02-1614, son père le dote du domaine de Maisonneuve. Fondateur de Ville-Marie, auj. Montréal, Paul retourne en 1665 en France. Le 10-09-1676, ses funérailles ont lieu dans l'église des Pères de la Doctrine chrétienne, située non loin de l'abbaye de St-Étienne-du-Mont à Paris, là où il est enterré au cimetière de Ville-Marie, à côté de son père. Un frère et deux soeurs sont n/b à Neuville-sur-Vanne (St-Martin): Odard, 29-12-1614; Louise, religieuse née vers 1616 et Jacqueline, 03-06-1618, d. 29-08-1655, veuve de François Benoît. Ses grands-parents paternels sont Jérôme-Hiérosme de Chomedey et Madeleine Tanneguy, mariés à Paris le 18-06-1560.[5][6]

Sources

  1. L’ouvrage fondamental sur la personne et l’œuvre du premier gouverneur de Montréal reste encore à écrire. Les biographies publiées jusqu’à ce jour sont des ouvrages de vulgarisation ; quelques-unes constituent des vies trop romancées. L’appareil critique en est absent. Sans vouloir présenter une bibliographie exhaustive, mentionnons les quelques ouvrages suivants :
    Note: The definitive work on the character and achievements of the first governor of Montreal is still to be written. The biographies published to date are popular treatments, some of which present an overly romantic view. Critical appraisal is lacking. Although in this context an exhaustive bibliography is not appropriate, attention is drawn to the following works:
    AHDM, Marie Morin, Histoire simple et véritable de l’établissement des Religieuses Hospitalières de Saint-Joseph en l’Ile de Montréal, dite à présent Ville-Marie, en Canada, de l’année 1659 [...].— AM, Col., C11A, 1, f.233, Articles accordez entre les Directeurs associez en la Compagnie de la Nouvelle-France et les habitants du dit pays, 6 mars 1645 ; reproduit dans Gustave Lanctot, Réalisations françaises de Cartier à Montcalm (Montréal, 1951), 57.— Archives de l’Aube, Registre de catholicité de Neuville-sur-Vanne, Acte de baptême, 1612.— ANDQ, Registre des baptêmes de Sillery.— Dollier de Casson, Histoire du Montréal.— JR (Thwaites).— Inédits sur le fondateur de Villemarie : maintenue de noblesse, 1600, éd. A.-Léo. Leymarie, NF, I (1925–26) : 20–23.— Massicotte, Répertoire.— Morin, Annales (Fauteux et al.).— [Jean-Jacques Olier( ?)], Les véritables motifs de Messieurs et Dames de la Société de Notre-Dame de Montréal pour la conversion des sauvages de la Nouvelle-France, éd. H.-A. Verreau (« MSHM », IX, 1880).— Ordonnances de Mr. Paul de Chomedey, sieur de Maisonneuve, premier gouverneur de Montréal, dans Mémoires et documents relatifs à l’histoire du Canada (« MSHM », III, 1860), 123–144.— E. R. Adair, France and the beginnings of New France, CHR, XXV (1944) : 246–278.— W. H. Atherton, Montréal, 1535–1914 (3 vol., Montréal, Vancouver, Chicago, 1914).— Camille Bertrand, Monsieur de La Dauversière, fondateur de Montréal et des religieuses hospitalières de Saint-Joseph 1597–1659 (Montréal, 1947), 64.— Daveluy, Bibliographie, RHAF, VII (1953) : 457–461, 586–592 et passim ; Jeanne Mance, 1602–1673, suivie d’un Essai généalogique sur les Mance et les De Mance par M. Jacques Laurent (2e édit., Montréal et Paris, [1962]).— Faillon, Histoire de la colonie française.— Robert Le Blant, Documents inédits : Les derniers jours de Maisonneuve et Philippe de Turmenyes, 14 avril 1666 – 9 septembre 1676 – 3 août 1699, RHAF, XIII (1959–60) : 262–280.— A.-Léo. Leymarie, Le Fondateur de Montréal, Paul de Chomedey, sieur de Neufville, de Bourg-de-Partie, de Saint Chéron et de Maisonneuve (1672–1676), NF, II (1926–27) : 207–211 ; Louise de Chomedey et les débuts de la congrégation de Notre-Dame à Ville-Marie, NF, II (1926–27) : 28–32.— É.-Z. Massicotte, Les premières concessions de terre à Montréal, sous M. de Maisonneuve 1648–1665, MSRC, VIII (1914), sect. i : 215–229 ; Memento historique de Montréal, 1636–1760, MSRC, XXVII (1933), sect. i :111–131 ; Notes et documents nouveaux sur le fondateur de Montréal, BRH, XXII (1916) : 139–150 ; Pierre Gadois, premier concessionnaire de terre à Montréal, BRH, XXIX (1932) : 36s.— Mondoux, L’Hôtel-Dieu de Montréal.— Émile Salone, La Colonisation de la Nouvelle-France : étude sur les origines de la nation canadienne-française (Paris, 1906).
  2. Marie-Claire Daveluy, « CHOMEDEY DE MAISONNEUVE, PAUL DE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 15 janv. 2019
  3. Marie-Claire Daveluy, “CHOMEDEY DE MAISONNEUVE, PAUL DE,” in Dictionary of Canadian Biography, vol. 1, University of Toronto/Université Laval, 2003–, accessed: May 10, 2016
  4. Bapt. image Fichier
  5. DGFQ, p. 251; NOVA FRANCIA, vol. 1, p. 26 ; DBC, vol. 1, p. 218
  6. Fichier Paul de Chomedey 2017 Fédération québécoise des sociétés de généalogie//Québec Federation of Genealogical Societies




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Les Prud'homme d'Amérique: [1] mais ça ne semble pas être le bon site.
posted by Gaston Tardif
Son baptême est rattaché dans les sources, archives départementales, feuillet 9, le baptême ne fait aucune mention de la date de naissance. As-tu un lien pour les Prud'homme d'Amérique?
posted by Danielle Liard
est-il possible qu'il soit né le 13 et a été baptisé le 15 à l'église Saint-Martin ?

Voir les Prudhomme d'Amérique p.8 de 58

posted by [Living Calonnec]
de Maisonneuve is entered as OLN, if somebody does a search for him, the full name as entered in CLN will appear visibly in search results, whereas if it is only entered in OLN it won't.
posted by Danielle Liard
I agree Danielle. Then, if we want to follow the basic rules, should'nt "Paul de Chomedey sieur de Maisonneuve" appear as OLN?

Just a point of view.

posted by Gaston Tardif
he gets called Paul de Chomedey sieur de Maisonneuve on countless records, often he is only referred to as sieur de Maisonneuve, sometimes sieur Paul de Chomedey but most often the other 2 forms are what is used in records.
posted by Danielle Liard
Perhaps:

Prefix: Sieur

CLN de Chomedey

OLN de Maisonneuve - Which was the domain's name he inherited from his father in 1646.

Suggestion....

posted by Gaston Tardif